"La proportion des fumeurs ou ex-fumeurs de tabac était plus importante chez les hommes du secteur formel séropositifs au vih-sida que chez les hommes du même secteur dans la population générale. La haute prévalence du tabagisme était évocatrice ...
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"Le blog de Pascal BOGUI" - 5 new articles

  1. Tabagisme chez les séropositifs : Les hommes instruits, sujets à risque
  2. Sponsoring de Imperial Tobacco à Abidjan
  3. Inauguration (à la télévision) des locaux de la société Ivoirienne de Distribution de Tabac
  4. Entretien avec le Dr Thierno Fatoumata Oury DIALLO, Présidente d'IMPACT
  5. L'Ile Maurice se dote d’une législation draconienne contre le tabac
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Tabagisme chez les séropositifs : Les hommes instruits, sujets à risque

Dr_coulibaly_tinnan_thumb "La proportion des fumeurs ou ex-fumeurs de tabac était plus importante chez les hommes du secteur formel séropositifs au vih-sida que chez les hommes du même secteur dans la population générale. La haute prévalence du tabagisme était évocatrice d'un comportement à risque pouvant favoriser l'infection à vih chez les hommes de ce secteur. "

C'est la conclusion d'une thèse sur la prévalence du tabagisme chez les patients âgés de 22 à 47 ans séropositifs au vih sida" présentée le jeudi 18 octobre dernier , à la faculté de médecine de Cocody par Dr. Tinnan Coulibaly.

Elle a été réalisée en 2006 auprès de 1600 sujets séropositifs au vih âgés de 22 à 47 ans vivant à Abidjan.

Elle a permis d'analyser les caractéristiques épidémiologiques du tabagisme au sein de cette population. Le tabac, de par les différentes maladies (respiratoires, cancérigènes, cardio-vasculaires, digestives ....) qu'elle entraîne, est très dangereux pour l'organisme d'un séropositif dont le système immunitaire est déjà fragilisé par le vih-sida.

Le docteur Coulibaly a exposé les arguments qui ont conduit à cette thèse.

D'abord le tabac et le sida constituent les principales causes de décès dans les pays en voie de développement.

En effet " d'ici 2030 on estime que le tabac tuera environ de 10 millions de personnes par an dont 7 millions dans les pays en voie de développement ", précise une étude sur le tabagisme. Par ailleurs l'Onusida estime à " 3 millions le nombre de décès liés au sida dans le monde dont 2 millions en Afrique subsaharienne ", en 2006.

Pour cette organisation "2/3 de tous les adultes et enfants vivant avec le vih se trouvent en Afrique subsaharienne ". Ces fléaux en Afrique subsaharienne sont très élevées puisqu'il n'y existe à l'exception de quelques-uns, que des pays en voie de développement.

Ensuite, les informations obtenues à partir du questionnaire ont révélé que la prévalence au vih sida est beaucoup élevée chez les populations issues du secteur formel (personnes instruites comme les étudiants, les journalistes, les avocats, les professeurs...) que chez la population générale.

Cette affirmation est renforcée par l'enquête sur les indicateurs du sida en Côte d'Ivoire en 2005 réalisée entre autres par le ministère de lutte contre le sida.

Enfin, cette thèse a révélé que la proportion des séropositifs fumeurs et ex-fumeurs (qui ont arrêté en majorité à cause de leur statut sérologique) est plus élevée que la proportion des fumeurs et ex-fumeurs issus de la population générale (43% contre 36%).

Cependant les séropositifs ont une connaissance de la nocivité du tabac puisqu'ils sont les plus instruits et par conséquent plus sensibilisés (35% des séropositifs).

Elisée Gonçalves (Stagiaire)

Article paru dans le journal Notre Voie du Mardi 30 Octobre 2007

   

Sponsoring de Imperial Tobacco à Abidjan

Alokrethumb_nov_2007 Cet article est proposé par Monsieur Louis Mack ALOKRE ASSAHOUA, président de l’O.N.G. Jeunesse Sans tabac (Abidjan) .

Mr ALOKRE, âgé de 31 an est moniteur à l’U.F.R. de Criminologie de l’Université de Cocody.

Il s’est tenu à l’hôtel Ivoire, le Jeudi 6 Septembre 2007 une cérémonie de récompense des meilleurs élèves des classes de 3ème  de la ville d’Abidjan.

A cette manifestation, on notait  avec stupéfaction la présence imposante des représentants de  Imperial Tobacco aux côtés de certaines hautes autorités du pays.

Cette présence de l’industrie du tabac à une cérémonie officielle qui célèbre l’excellence au sein de la jeunesse scolaire de Côte d’Ivoire soulève quelques inquiétudes légitimes :

1- Existe-t-il une justification scientifique à associer l’image de l’industrie du tabac à l’excellence du travail scolaire ?

2- Quel est le but poursuivi par Imperial Tobacco auprès de la jeunesse scolaire en participant activement à cette cérémonie ?

3- Quelle est l’implication des organisateurs en général, et des autorités en particulier à la participation de  Imperial Tobacco à cette cérémonie dédiée à l’excellence du travail scolaire ?

Une enquête menée par le laboratoire de physiologie et d’explorations fonctionnelles respiratoire du CHU de Yopougon en collaboration avec la direction scientifique du Programme National de Lutte contre le Tabagisme en Côte d’Ivoire auprès de 1531 élèves et étudiants de sexe masculin à Abidjan en 2002  a révélé que le tabagisme  constituait un véritable problème de santé publique en milieu scolaire et universitaire.

En effet, cette enquête montrait que la fréquence de la consommation de cigarettes atteignait 17,5% chez les élèves âgés de 13 à 17 ans et 23% chez ceux âgés de 18 à 22 ans.

Une autre étude réalisée par la même équipe avait établi les effets négatifs de la consommation tabagique sur les performances scolaires sur la période allant de  2005 à 2006. Cette étude permettait en effet de noter que la prévalence tabagique était d’autant plus élevée que les résultats scolaires étaient mauvais. Ainsi, la prévalence tabagique était de 5% chez les élèves ayant obtenu de très bons résultats, de 19% chez les élèves ayant obtenu des résultats moyens, et de 23% chez les élèves ayant obtenu de mauvais résultats.

Aussi, sur la base des conclusions de ces deux études, peut-on affirmer que rien  ne pouvait justifier l’association d’une quelconque image de l’industrie du tabac à celle de l’excellence en milieu scolaire, bien au contraire.

D’autre part, le fait que le début du tabagisme intervient dans la majorité des cas dans la période de l’adolescence (classe d’âge des élèves concernés par la présente cérémonie de récompense) laisse penser à juste titre que l’intérêt de Imperial tobacco ne se situe pas dans le thème de cette cérémonie (excellence en milieu scolaire) mais plutôt dans la caractéristique des sujets récompensés : les jeunes.

L’intérêt de cette industrie n’est autre que d’ordre mercantile, par son intention à peine voilée de recruter et surtout de fidéliser cette potentielle clientèle que constituent les jeunes élèves honorés ce jour.

Enfin, en nous appuyant sur la plausible hypothèse que le caractère nocif du tabac est relativement bien connu de tous aujourd’hui, l’attitude des autorités politiques ainsi que des organisateurs de cette cérémonie, en apportant officiellement leur caution et leur soutien à Imperial Tobacco, ne peut être qualifiée que de complicité tacite à la « prise en otage » de la santé et donc de l’avenir des élèves des classes de 3ème de la ville d’Abidjan et à par ricochet, de toute la jeunesse.

Au total, cette étonnante mais très inquiétante attitude des autorités politiques sensées œuvrer pour le bien-être des populations en général et assurer un avenir meilleur aux jeunes fait réaliser l’ampleur de la tâche de l’ensemble des structures de lutte antitabac, dont les O.N.G.

En effet quel autre constat peut-on faire lorsque les gouvernants qui devraient constituer le socle de la lutte contre le tabagisme, semblent être plutôt dans le « camp opposé », c’est-à-dire celui de ceux qui font la promotion de ce poison qu’est le tabac.

Nous, O.N.G. « Jeunesse sans Tabac » en appelons au sens des responsabilités des décideurs politiques, afin qu’ils prennent avec fermeté, toutes les décisions allant dans le sens du bien-être et de la santé des populations en général et de la jeunesse en particulier, conformément aux prescriptions de notre constitution (article 2 alinéa 2). Les jeunes ne constituent-ils pas l’avenir de ce pays ?

Louis Mack ALOKRE ASSAHOUA, président de l’O.N.G. Jeunesse Sans tabac (Abidjan) .
Moniteur à l’U.F.R. de Criminologie de l’Université de Cocody.

01 BP 2707 Abidjan 01
Jstci_tabac@ yahoo.fr
Tél : (+225)05 76 96 00 / 09 95 52 33

   

Inauguration (à la télévision) des locaux de la société Ivoirienne de Distribution de Tabac

Pascalbogui_1 AVANT PROPOS DU CORRESPONDANT DE GLOBALINK AFRIQUE

J’ai reçu il y a quelques jours de la part d’un auteur anonyme ce publi-reportage pour publication sur le blogue Globalink Afrique.

Le document, qui m’a été fourni sur support informatique, contenait également une copie intégrale du document filmé. 

Après vérification auprès de collègues et de la RTI, il s’est avéré que le texte et les photos ont bien été extraites, sans modification aucune, de l’élément audio-visuel qui a été effectivement diffusé le 07 septembre sur les antennes de la première chaîne de la radio-diffusion télévision ivoirienne.

En ma qualité de correspondant de Globalink Afrique, j’ai le devoir de publier une telle information dont la véracité est établie, et qui montre à quel point il est difficile dans nos pays de mener une politique efficace de lutte anti-tabac. 

Je laisse à chacun le soin d’apprécier l’âpreté de notre combat au quotidien

Pascal BOGUI

Le publi-reportage qui suit a été diffusé le 7 septembre 2007 par la première chaine de télévision ivoirienne. Il couvre l'inauguration des nouveaux locaux de l'IDT (Ivoirienne de Distribution de Tabac et filiale de BAT).

Placée sous le parrainage du Premier Ministre, SORO Kigbafory Guillaume, l’inauguration officielle des nouveaux locaux de l’ I.D.T. (Ivoirienne de Distribution de Tabac) a réuni  grossistes, détaillants, clients et personnel.

L’ I.D.T.  est le distributeur exclusif en Côte d’Ivoire des marques de cigarettes Craven A, Dunhill, Saint-Maurice et plus récemment Pall-Mall ; toutes appartiennent au groupe British American Tobacco.

Présente en Côte d’Ivoire depuis un an, l’ I.D.T.  avec ses 4 marques, se porte bien sur le marché du tabac.

Yohou 1/ M. YOHOU Médard, responsable Marketing de I.D.T..

«Au niveau de nos marques, nous avons 3 marques leaders qui sont : Craven A, Dunhill, et tout récemment Pall Mall ; avec toutes les variantes. Donc on a :

  1. Pall-Mall   rouge, Pall-Mall light, Pall-Mall menthol
  2. Craven rouge,   Craven light
  3. Dunhill rouge,   Dunhill light.

Ces marques se portent très bien. Nous sommes dans un marché compétitif. Nous respectons beaucoup la concurrence. Je pense que c’est bien venu parce qu’avec la concurrence, c’est le consommateur qui gagne. Chacun s’atèle à donner le meilleur de lui-même et à mettre à la disposition des consommateurs des produits de qualité. »

 

Commentateur R .T.I

Les nouveaux locaux de Vridi regroupent les 3 agences de la ville d’Abidjan. Cela traduit la volonté du groupe de faciliter les opérations de sa clientèle.

Le DG monsieur FOFANA a assuré le représentant du premier ministre de la volonté de l’IDT de contribuer aux recettes fiscales de l’Etat et de créer des emplois.

02_aboubacar_fofana 2/ M. Aboubakar FOFANA, Directeur Général de I.D.T..

«Notre but en ouvrant ces nouveaux locaux, en plus des investissements que nous avons réalisés en terme de matériels roulants et de représentation sur toute l’étendue du territoire national, même y compris dans les zones sous contrôle des forces nouvelles, notre but disais-je, est de renforcer nos activités à travers toute la Côte d’Ivoire et réaffirmer notre volonté de jouer pleinement notre rôle d’acteur de l’essor économique de notre pays.

Aussi, voudrais-je rassurer les autorités ivoiriennes et de leur dire que l’.ID.T. entend jouer pleinement son rôle d’entreprise citoyenne, comme contributeur aux recettes fiscales et douanières, créateur d’emplois, comme investisseur et surtout comme une entreprise responsable qui saura partager avec les communautés dans lesquelles elle exerce son activité, le fruit de ses succès.

Je voudrais vous rassurer, chers partenaires, que la satisfaction du client et même celle du consommateur est une préoccupation majeure chez I.D.T..»

Commentateur R .T.I

03_british_american_tobacco Pour sa part, le représentant du groupe British American Tobacco a indiqué que l’entreprise doit continuer à apporter son appui technique, matériel puis financier à l’I.D.T. pour une meilleure implantation.

Le représentant du Premier Ministre a quant à lui, félicité les responsables de l’I.D.T. pour leur soutien à la Côte d’Ivoire surtout en cette période de crises.

Diomande_kavally_2 3/ M. DIOMANDE Kavally, Représentant du Premier Ministre.

« Quand Monsieur le Premier Ministre m’a demandé de le représenter à cette cérémonie, j’étais loin d’imaginer que j’allais venir rencontrer des jeunes ivoiriens, mais vraiment jeunes, dynamiques, et qui en cette période si difficile pour notre économie, n’ont pas hésité à s’engager, à prendre des risques. Et c’est ça le système capitaliste : prendre des risques surtout quand la situation est difficile. Et nous voyons les résultats ce matin ! Je ne peux que les féliciter. J’ose espérer que leur exemple fera tache d’huile, et au nom de Monsieur le Premier Ministre, je ne peux que souhaiter bon vent à I.D.T. en demandant à la B.A.T (British American Tobacco) de continuer à faire confiance à la Côte d’Ivoire et d’apporter tous leurs soutiens. »

Commentateur R .T.I

Grossistes et clients ont salué l’installation de l’I.D.T. dans la zone portuaire de Vridi.

1/ M. DIALLO Abdoulaye, demi grossiste

« Avant, ils se sont dispersés, maintenant, ils se sont groupés. Je pense que c’est la meilleure leçon. »

2/ M. POKOU Benjamin, client

« En cette période assez difficile, ils ont eu le courage et vraiment cette bravoure de monter une entreprise de ce genre où il n’y avait pas mal de concurrents. Il faut d’abord les féliciter. »

Commentateur R .T.I

La visite guidée des locaux a permis de découvrir les entrepôts pour la conservation des produits, la salle de réunions et les bureaux.

Avec un chiffre d’affaires de 14 milliards de francs Cfa et un effectif de 100 personnes, l’I.D.T. ((British American Tobacco) a pour ambition d’être le leader du marché du tabac en Côte d’Ivoire.

   

Entretien avec le Dr Thierno Fatoumata Oury DIALLO, Présidente d'IMPACT

Philippe Boucher, coordinateur du programme Globalink Afrique est à l'origine de cet entretien.

Philippe Boucher: Bonjour Dr Diallo, puis-je vous demander de vous présenter?

Diallo Dr Thierno Fatoumata Oury Diallo: Je suis le Dr Thierno Fatoumata Oury DIALLO,  Pharmacienne de formation , responsable du Laboratoire National de Contrôle de qualité des Médicaments, Aliments , Boissons, Eaux et des Expertises Toxicologiques au Ministère de la Santé Publique en Guinée.


Je suis également Enseignante-Chercheure, Professeur de Toxicologie et de Phytopharmacie à la Faculté de Médecine Pharmacie OdontoStomatologie de l’Université de Conakry (Guinée)  et à ce titre, j’ ai contribué à la  réalisation de plusieurs recherches dans les différents domaines de mes humbles compétences dont nous parlerons  au cours de cet entretien.

D’abord , depuis ma tendre enfance , je suis restée allergique à la fumée de tabac; son odeur me donne la nausée et des violentes céphalées suivies parfois  de vomissements et de vertiges.  Une antipathie totale alors avec le tabac.

Ensuite, Ma carrière d’enseignante-chercheure a largement contribué à élargir mes connaissances  dans les domaines des toxicomanies, alcoolisme et tabagisme.

C’est en réalité, ce qui a fait que depuis 1987, je m’investis  dans la lutte contre le tabagisme et les autres toxicomanies par la Recherche-Action , les conférences, les tables rondes, les séances de sensibilisation à travers les canaux traditionnels et modernes de communication.

Q1. Dans un récent entretien, le Dr Bakary Sidiki Sylla évoquait la croissance du tabagisme et des cancers du poumon en Guinée. Quel est votre jugement sur la situation du tabagisme en Guinée aujourd'hui? La prévalence chez les adultes semble élevée.

 

Dr Thierno Fatoumata Oury Diallo: Je dois, tout d’abord, vous exprimer toute ma gratitude pour cette opportunité que vous me donnez pour m’exprimer sur ce sujet préoccupant de notre continent.

Revenant ensuite  à votre question, je dirais que le Dr. Bakary Sidiki Sylla n’a fait que confirmer ce qui était connu et dont on ne parlait pas beaucoup ou dont on ne parlait pas  assez.

N’ayons pas peur de le dire,  le tabagisme est un phénomène réel en Guinée, comme dans les autres pays d’Afrique.  Oui,  les jeunes de ce pays ne sont pas  à l’abri de l’agression orchestrée par l’industrie du tabac.

En effet, les quelques données existantes confirment que la Guinée paye lourdement aujourd’hui les conséquences de plusieurs années d’absence de lutte antitabac.

Il suffirait juste de voir les résultats des différentes recherches  menées par le Ministère de la Santé à travers ses services techniques tels que :
- la Division Promotion de la Santé et le Service National de la Santé Scolaire et Universitaire,
- la Direction Nationale de la Santé Publique en collaboration avec l’OMS/Guinée « ENQUETE SUR LE TABAGISME EN MILIEU SCOLAIRE A CONAKRY » en Avril 2001, par exemple, et
- la ‘’FOGUIRET’’  entendez la Fondation Guinéenne pour la Recherche sur la Toxicomanie dans les domaines de la drogue, de l’alcoolisme et du tabagisme notamment à travers l’Enquête sur la consommation de drogue à Conakry : fréquence ; raisons, impact social et solutions 1999 - 2002. . 
- Et l'Etude de la consommation du tabac dans la région administrative de Labé menée en 2000-2002.

Ces études et celles qui les ont précédées  ont montré que le tabagisme concerne plus de la moitié de la population guinéenne (57,6%).

On compte 8,6% de femmes dans le lot des fumeurs…. et, chez les adolescents , 30% des fumeurs ont commencé entre 10 et 15 ans (Enquête de 1998)

Entre 1990 et 1997 , le marché du tabac a connu une croissance estimée à 23,5%, au même moment, la quantité de cigarettes fumées augmentait de 3,28% en moyenne.

Au courant de cette période, le marché national de la cigarette présentait un flux financier estimé à environ 36 milliards de Francs Guinéens et la contribution fiscale au caisse de l’État à 20 milliards de francs Guinéens par an selon le Ministère du Commerce et la Douane.

Le flux financier en lien avec le tabac est alors très important en Guinée et les conséquences ne peuvent être que , évidemment , proportionnelles.

Aussi, la relation entre le tabac et autres drogues chez les adolescents et jeunes revêt une importance capitale, 54,46% des jeunes fumeurs ont consommé une fois au moins la drogue.

Le tabagisme est aussi en Guinée la porte d’entrée vers d’autres drogues plus fortes et aussi dangereuses.

Voilà ce qui, entre autre, confirme les propos de mon compatriote et collègue et qui justifie notre engagement dans la lutte antitabac depuis plusieurs années.

Q2. Pouvez-vous présenter la structure de l'industrie du tabac en Guinée? Les multinationales sont-elles présentes?

Dr Thierno Fatoumata Oury Diallo: Comme je le soulignais plus haut, la Guinée n’est pas épargnée par les multinationales de tabac qui rivalisent d’ardeur pour acquérir, maintenir et accroître leur clientèle au profit de ce produit toxique.

De 1965 à 1984, l’industrie nationale du tabac s’est résumée à une unité de production en l’occurrence l’Entreprise Nationale des Tabacs et Allumettes de Guinée (ENTAG). Elle faisait partie des premières unités industrielles installées en Guinée après l’indépendance.

Elle a bénéficié d’un monopole de marché pendant toute la période de la première République, en occurrence entre 1967 et 1984.

Après le changement de cap en 1984, avec l’ouverture du pays à l’économie de marché, l’industrie du tabac fut fermée en même temps que les autres en attendant la phase de la privatisation. Entre temps, le marché est ouvert sans limitation et les multinationales sont arrivées en grandes reines, sans aucune restrictuction.

C’est pour cela, qu’il n’est pas surprenant de voir des panneaux géants, vantant plutôt la cigarette ou telle marque dans les villes guinéennes. Ce qui n’est pas sans effet sur la jeunesse qui, dans l’ignorance et la naïveté,se laisse influencer par des propos mensongers.

Je vous épargne des sottises balancée à la face de notre jeunesse.

Par ailleurs, je ne pourrais passer sous silence les autres facteurs tels que :

  • la contrebande rendant disponible le produit à bon marché.
  • l’inexistence de la loi …
  • l’absence d’un programme soutenu et cohérent de lutte antitabac … etc…qui favorisent l'accropissement du fléau chez nous.  

Aujourd’hui,  plus que jamais, une action s’impose afin de préserver nos populations des conséquences incommensurables du tabagisme.

Q3. La Guinée a signé la Convention Cadre pour la Lutte Antitabac en avril 2004 mais ne l'a pas encore ratifiée.Pensez-vous que la ratification pourrait survenir prochainement? Quelle est aujourd'hui la situation de la Guinée en ce qui concerne la réglementation du tabagisme?

Dr Thierno Fatoumata Oury Diallo: Effectivement, la Guinée a signé la C.C.L.A.T. le 1er Avril 2004.L’Assemblée Nationale a statué depuis 2005. Malheureusement, mon pays n’est pas encore allé jusqu’au bout de la logique c’est-à-dire que la Guinée n’a pas encore procédé à sa ratification.

La FOGUIRET après plusieurs années de travail sur le terrain, a trouvé que la logique de la Guinée n’est pas pour autant répréhensible .

Je voudrais souligner ici que, suite à des activités menées par notre organisation aux fins d’accompagner notre pays dans ce processus, nous avons appris que le retard pris par la Guinée est justifié par la volonté de nos autorités de mieux se préparer pour bien et mieux faire.

En effet, conscientes de la complexité de la tâche qu’est la promotion de la Santé chez nous, les décideurs politiques estiment que, se précipiter pour ratifier et ne rien faire pour la mise en œuvre effective d’une loi, ne serait pas une méthode gagnante.

Elles ont choisi, disent-elles , de prendre toutes les dispositions qui s’imposent pour ne pas conduire un texte ratifié aussi important dans un tiroir , créer un mort-né.

Pour notre part, nous croyons que la ratification est un préalable et serait une avancée majeure et confirmerait la volonté politique dont les autorités se prévalent.

Nos efforts se poursuivront, en collaboration avec les organisations de la société civile en Guinée et d’ailleurs pour que la Guinée, dans un proche avenir, puisse rejoindre la classe des pays qui ont ratifié la C.C.L.A.T. et prêts, surtout , à œuvrer pour sa mise en œuvre effective.

Aux dernières nouvelles, nous avons appris que la Guinée ne tardera pas de ratifier la C.C.L.A.T.

Nos efforts se poursuivent et nous vous tiendrons au courant le moment venu.

Q4. Pouvez-vous nous expliquer votre engagement local (FOGUIRET) et votre participation dans le cadre de la CPEACT dont vous êtes maintenant Présidente?

Dr Thierno Fatoumata Oury Diallo: Comme je vous le disais en introduction, je suis Pharmacienne de formation et j’ai de multiples responsabilités , de haut niveau, dans mon pays et sur le plan international, tant dans la fonction publique, l’Université et la Société civile.

À ce titre, j’ ai contribué à la création d’une organisation non gouvernementale de lutte contre la drogue et la toxicomanie, y compris l’alcoolisme et le tabagisme, axée sur des stratégies de prévention, de traitement et de réinsertion , dénommée Fondation Guinéenne pour la Recherche sur la Toxicomanie « FOGUIRET ».

J’en suis la Présidente depuis le 6 Janvier 1997.

Cette institution est un cadre de concertation pluridisciplinaire de recherche et de vulgarisation de résultats. Elle est opérationnelle sur le terrain en partenariat avec le Département Pharmacie de l’Université de Conakry et voici quelques recherches réalisées:

-Etude de la consommation du tabac dans la région administrative de Labé 2000-2002.

Enquête sur la consommation de drogue à Conakry : fréquence ; raisons, impact social et solutions 1999 - 2002.

Drogues et toxicomanie en Guinée : Étude rétrospective de 1995 à 1998 (1999– 2001)

Les Boissons alcoolisées vendues à Conakry : Aspects réglementaire, socio économique et sanitaire 1997-2000

Les conséquences socio économiques et sanitaires de la consommation des Benzodiazépines vendues dans les marchés de Conakry (1997-1999)

Séro prévalence du VIH/SIDA chez les toxicomanes hospitalisés au service de Neuro psychiatrie du CHU de Donka (1996-1998)

Drogue et   toxicomanie en Guinée : étude rétrospective et retombées socio économiques :   période de 1994 à 1996, et d’autres.

Je puis vous affirmer que toutes ces recherches sont disponibles et ont fait l’objet de conférences scientifiques de restitution officielle, organisées par la FOGUIRET en collaboration avec tous les partenaires techniques (Départements Ministériels , ONGs Nationales et Internationales opérant en Guinée, les Institutions Internationales Résidentes , les Représentations Diplomatiques,  les Leaders Religieux  et d’opinion communautaires, les structures scolaires et universitaires, les associations et groupements du secteur informel….) et le Département Pharmacie de l’Université de Conakry.

Experte en ma matière auprès d’institutions d’envergure internationale, je ne souffre pas de mettre mes connaissances à la disposition de ma patrie, de mon continent et de l’humanité.

La FOGUIRET a participé activement aux différentes étapes de l’amendement de la C C L A T auprès du Ministère de la Santé Publique de la Guinée.

Pour ce qui est de mes responsabilités à la tête de la C.P.E.A.C.T rebaptisée depuis peu « IMPACT », INITIATIVE DE MOBILISATION PANAFRICAINE DE CONTRÔLE DE TABAC, je dirai que je me trouve dans la peau d’humble serviteur pour une cause noble pour l’Afrique.

En effet, j’ai découvert l’I.M.P.A.C.T., il y a presque 2 ans, par le biais de notre actuel coordonnateur général Thomas Léro TCHASSAO , que j’ai connu en Mai 2000 à Conakry lors d’une conférence internationale organisée par l’Union Internationale contre la Tuberculose et les Maladies Respiratoires.

Quand j’ai choisi de me joindre au rang de l’IMPACT, mon souci était de partager ma petite expérience pour donner un autre souffle, une dynamique nouvelle, bref, une autre dimension à la lutte antitabac.

Comme nous le disons , souvent à l’IMPACT, il s’agissait d’ÉLEVER LA LUTTE ANTI-TABAC AU NIVEAU DE L’EXCELLENCE AFRICAINE.

A l’IMPACT, notre secret se trouve dans le désir de travailler en réseau .

On ne le dira jamais assez, aucune organisation ne peut , toute seule, prétendre bouter hors d’Afrique l’industrie du tabac, il faut impérativement la force du groupe.

Par ailleurs, nous pensons que s’il est important de consolider l’activisme en Afrique, l’on a aussi l’obligation de se doter de structures scientifiques pouvant aider l’Afrique à mieux définir la problématique.

Tout le monde ne peut pas faire de l’activisme et tout le monde ne peut non plus être chercheur. Créer une synergie entre les deux impératifs ne peut donner que des résultats fiables. C’est aussi ça la vision de l’IMPACT .

Enfin, comme vous le savez, en Afrique, la responsabilité de MAMAN est fondamentale.

C'est plus en tant que mère que mes collègues m’ont élu comme Présidente et je l’assume avec plaisir et conviction. Et surtout avec un cœur de mére.

Q5. La Guinée est actuellement le lieu d'une agitation sociale intense, grèves, manifestations, mini-rebellion militaire. Est-il possible de, dans de telles conditions de lutter contre le tabagisme? Alors que tant d'autres questions paraissent plus urgentes?

Dr Thierno Fatoumata Oury Diallo: Effectivement , la Guinée a connu des moments difficiles, des agitations sociales qui ont conduit à la nomination d’un nouveau Premier Ministre.

Toutefois, je voudrais préciser que ce n’était pas une période de guerre comme ce fût au Libéria, en Sierra Léone ou au Liban…etc…

Aujourd’hui, le train semble avoir repris les rails. Tout le monde vaque à ses occupations dans la mesure du possible. Le pays se fait une peau neuve et aucun secteur ne doit être négligé. C’est dans cette logique que la question de la santé de la population doit être la priorité des priorités.

À mon point de vue, la lutte antitabac ne fait pas bande à part quand on soulève la question de la santé publique en Afrique.

Elle fait partie intégrante. C’est pour cela que rien ne peut justifier qu’on relègue au second plan la lutte antitabac. Je m’en prends à ceux qui , dans un esprit dont je ne saurai décrire ici, pensent que la lutte antitabac est un luxe pour l’Afrique.

Je dis et je le repète , UNE VIE EST UNE VIE….. et le tabac est dangeureux pour n’importe quelle vie où qu’elle se trouve. Ce n’est pas du tout difficile à comprendre.

Personne n’a le droit de vendre le poison silencieux aux autres et s’enrichir sur leur mort; aucune loi ne cautionne cela dans le monde. C’est clair.

Q6. Y-a-t-il quelque chose que vous souhaitez ajouter?

Dr Thierno Fatoumata Oury Diallo: OUI ….Peu à peu, l’IMPACT est en train de bâtir un réseau fort, composé de personnes dont l’expérience n’est plus à démontrer. Mais, permettez- moi de souligner que, ceux pour qui j’éprouve le plus d’admiration, ce sont ces jeunes filles et garçons , intelligents (es), hyper dynamiques, pleins de bonne volonté qui s’investissent volontairement et bénévolement, pour que notre action commune puisse avoir un impact réel sur notre continent. Certains ont eu la chance de les rencontrer lors de la COP 2 à Bangkok en Thailande. Vous avez pu mesurer leur compétence et leur détermination.

Je ne pourrai ignorer la contribtion particulière de notre Coordonnateur Général Thomas Léro TCHASSAO, dont la détermination et la conviction font de l’IMPACT ce qu’elle est, après juste 3 ans de vie.

Cela est irréfutable, l’IMPACT est le plus grand et le plus large réseau de personnes ( physiques et morales) sur le continent africain en matière de lutte antitabac.

Cela mérite d’être encouragé et soutenu.

Faire semblant de l’ignorer est une manière de placer le plomb dans l’aile de la lutte anti-tabac en Afrique.

En ma qualité de Présidente de l’IMPACT, je tiens à remercier très sincèrement toutes les bonnes volontés qui poussent vers le succès notre initiative. Elle est un creuset pour toutes les africaines et tous les africains et tous ceux qui ont à cœur la cause de l’Afrique, assiégée par l’industrie du Tabac.

Enfin, l’IMPACT annoncera ces jours-ci son programme d’action pour le deuxième semestre 2007 et nous vous invitons à vous joindre à nous , d’une manière ou d’une autre pour donner un coup de pouce à la lutte anti-tabac sur notre chère continent.

Retenez-le, vous aurez saisi la chance unique de travailler efficacement au cœur de l’Afrique.

Philippe Boucher:  Merci Dr Diallo d'avoir pris le temps de répondre  à nos  questions.

   

L'Ile Maurice se dote d’une législation draconienne contre le tabac

L'Agence de Presse Africaine (APA) indique que l’Ile Maurice vient d’adopter une législation interdisant l’usage du tabac dans tous les lieux publics de l’île, y compris les stades, les jardins publics et les restaurants.

Selon le ministre de la santé et de la qualité de la vie, le gouvernement a pris cette décision suite à la publication d’un rapport faisant étant d’une hausse des cas de cancer dans le pays.

Maurice se dote d’une législation draconienne contre le tabac

APA-Port Louis (Maurice) L’Ile Maurice vient d’adopter une législation interdisant l’usage du tabac dans tous les lieux publics de l’île, y compris les stades, les jardins publics et les restaurants, a appris APA jeudi.

Selon le ministre de la santé et de la qualité de la vie, le gouvernement a pris cette décision suite à la publication d’un rapport faisant étant d’une hausse des cas de cancer dans le pays.

Par ailleurs, le ministère a indiqué que le gouvernement étudie la possibilité d’étendre la mesure d’interdiction aux plages, mais on craint que cela n’occasionne une farouche résistance de la part des usagers de ce produit.

Lors d’une rencontre avec la presse, jeudi matin au ministère à Port-Louis, le directeur de la santé, le Dr Radha Neerunjan, a expliqué que l’Ile Maurice doit être en phase avec la Convention anti-tabac de l’Organisation mondiale la santé (Oms), qui a été signée par le pays en 2004, mais n’a jamais été appliquée.

Il a précisé que l’une des clauses de cette convention recommande l’interdiction de la vente de cigarettes au détail, sauf les paquets de 20, afin de maintenir le produit hors de portée des enfants.

Le directeur de la santé a souligné avoir également recommandé au gouvernement la proscription de l’usage du tabac au volant.

En outre, il a rappelé que les usines de tabac ont reçu l’ordre d’inscrire des avertissements plus effrayants sur tous les paquets de cigarettes pour informer les populations des effets néfastes de l’usage de ce produit.

Selon le site de l'Association Visa-Maurice, Maurice a le plus haut taux de fumeurs en Afrique avec 46% des hommes et 5% des femmes qui s’y adonnent dans un pays où le tabac est la cause évitable la plus étendue des maladies non transmissibles, et tue plus de 800 Mauriciens par an.

A l’échelle mondiale, le tabac fait quelque 4.9 millions de morts par an tandis que 10 millions de morts par an de ce fléau sont prévus pour 2020.

                                             

SR/daj/pos/aft/APA                       13-09-2007

   

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